John HeartfieldJohn Heartfield (1891-1968)

D’abord acteur du très politique groupe dadaïste de Berlin avec son frère Wieland Herzfelde et George Grosz, John Heartfield s’illustre rapidement dans le genre du photomontage qu’il inscrit dans la grande tradition satiriste.

Témoin des crises successives qui secouent la République de Weimar jusqu’à l’arrivée du nazisme, il dénonce, par le biais de l’organe communiste AIZ, les compromissions politiques et les coups de force qui amenèrent Hitler au pouvoir. Parallèlement, John Heartfield mène une véritable guerre de communication contre l’obscurantisme et la propagande nazie, désignant avec virulence les atteintes successives aux libertés et aux personnes.

Ses positions lui valent d’être menacé, puis contraint à s’exiler pour Prague en 1933, comme de nombreux artistes et intellectuels. Il continue toutefois de livrer régulièrement ses photomontages pour l’AIZ, qui se voit rebaptisé VI (Volks Illustrierte) en 1936. l’Annexion de la Tchécoslovaquie en 1938 signe l’arrêt de mort de la revue et contraint Heartfield à un second exil vers Londres.

Depuis son adhésion au Parti Communiste Allemand en 1919, Heartfield n’a cessé de servir la cause révolutionnaire, mettant l’ensemble de sa productionartistique au service du combat politique sous le slogan :

« Utilisez la photographie comme une arme ! ».

Une arme qu’il dirige contre l’ordre nazi avec un talent qui le place aussi bien aux côtés des plus grands caricaturistes comme Daumier que parmi les pionniers des avant-gardes artistiques. Ses œuvres n’ont rien perdu de leur puissance évocatrice et beaucoup d’entre elles ont acquis une valeur de symbole universel de la lutte contre l’oppression.

 

 » Presque personne de nos jours ne pouvait prétendre que Heartfield n’était pas un grand artiste – je crois encore que seuls quelques-uns pouvaient dire pourquoi c’était ce qu’il était. Cela a toujours été et reste une tâche assez difficile.

Il est intéressant de noter que John Heartfield a mis tout son talent, construit sur la grande tradition européenne, au service de la politique quotidienne. À un moment historique particulier, rien n’était plus important pour lui que le socialisme. Après avoir réalisé cela, c’était facile pour lui – mais difficile à suivre […]. À en juger de loin, Heartfield était apparemment un homme simple. En regardant de près, il était complexe – ou plutôt: un homme avec une bande passante énorme. Il était à la fois un homme sage et un enfant. Il était pédant, mais aussi un artiste prolifique. Il aimait et il détestait […]

Le monde et nos vies semblent plutôt compliqués. Heartfield l’a rendu plus transparent. Son frère l’a aidé dans cette tâche. Et sa femme a rendu cela possible. […]. « 

Werner Klemke , Discours funéraire du 30 avril 1968.  Dans : Communications de l’Académie Allemande des Arts de Berlin, 6 (1968), 4, p. 2-3

 

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